La montée de la papauté


Comment est-on passé de la simplicité de l'Évangile et de la pauvreté de l'Église primitive au système catholique romain et à sa puissante organisation matérielle ? C'est ce que nous nous proposons d'expliquer à travers ces quelques jalons dans l'histoire de l'Église.

« Il s'éleva parmi les apôtres une contestation : lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand ? Jésus leur dit : les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (Luc 22.24-26).

Remarque préliminaire :

Pendant les trois premiers siècles de l'Église, les évêques étaient choisis par le peuple de leur diocèse. Pour cette raison, les évêques de Rome de cette période n'ont pas pu exercer une autorité spirituelle sur l'ensemble de la chrétienté.

Fin IV° siècle :

Rome, Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie ont une autorité égale.

En 395 :

l'empire romain se scinde en deux parties : l'empire d'Occident (capitale Rome) et l'empire d'Orient (capitale Constantinople). Petit à petit, la recherche de la suprématie sur la chrétienté se jouera entre Rome et Constantinople.

En 451 :

le concile œcuménique de Chalcédoine donne au patriarche de Constantinople les mêmes prérogatives qu'à l'évêque de Rome.

Au VI° siècle :

l'évêque de Rome, Grégoire le Grand, indigné d'apprendre que l'évêque Jean de Constantinople prétendait se nommer "évêque universel", lui en fait reproche en ces termes : « Par quelle audace et par quel orgueil vous efforcez-vous de vous emparer de ce titre nouveau qui peut scandaliser tous les frères ?... S'emparer de ce titre impie, c'est imiter Satan ».

En 607 :

le pape Boniface III s'élève en qualité d'évêque universel et se déclare pape.

Au cours du VII° siècle :

les territoires d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord, berceaux du christianisme, tombent aux mains des musulmans, affaiblissant ainsi la partie orientale de l'Église.

Milieu VIII° siècle :

le pape Etienne II hérite en Italie centrale de territoires importants autour de Rome et de Ravenne. Il est reconnu comme un souverain et exerce désormais un pouvoir temporel (que les papes conserveront jusqu'en 1870).

Jusqu'en 869 :

presque tous les conciles œcuméniques avaient lieu à Constantinople, en langue grecque (langue du N.T.). Le concile de Constantinople en 869 sera le dernier concile œcuménique. Désormais, l'Église Grecque tient ses propres conciles et l'Église Romaine les siens.

En 1054 

a lieu le grand schisme de la chrétienté qui marque la rupture définitive entre les Églises d'Orient et d'Occident.

Jusqu'à la Réforme (XVI° siècle) :

les papes de Rome s'imposent comme chefs de l'Église Universelle.

Innocent III (1198-1216) :

ce pape s'arroge les titres de "vicaire du Christ" (vicaire : suppléant, remplaçant), "vicaire de Dieu", "souverain suprême de l'Église du monde".

Boniface III (1294-1303)

a dit : « Nous déclarons, affirmons, précisons et prononçons qu'il est tout à fait nécessaire pour le Salut de chaque créature qu'elle soit soumise au Pontife de Rome » (bulle "Unam Sanctam").

Léon XII (1823-1829)

condamne toute liberté religieuse : « quiconque est séparé de l'Église Catholique Romaine, aussi irréprochable soit-il par ailleurs, n'a aucune part à la vie éternelle ».

Pie IX, en 1870,

décrète l'Infaillibilité Papale. Le Concile Vatican II a confirmé le dogme de l'Infaillibilité dans la constitution dogmatique "Lumen Gentium" sur l'Église, en date du 21 Novembre 1964. De nos jours, même parmi les responsables, peu de catholiques sont conscients du caractère blasphématoire de cette déclaration.

top Les titres des Papes

À propos de l'expression "Vicaire du Christ"

Aucun homme ne peut se donner le titre de remplaçant ou suppléant du Christ pour la simple raison qu'un homme ne sera toujours qu'une simple créature et ne peut, par nature, prétendre représenter sur terre le Fils de Dieu.

Jésus avait d'ailleurs averti les apôtres qu'après son départ, il leur laisserait un suppléant, un remplaçant :

« Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous » (Jean 14.16-17).

Par son Esprit Saint, Jésus est donc toujours présent au milieu de ses fidèles disciples, ainsi qu'il l'a promis :

« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28.20).

À propos du mot "Pape"

Le mot "Pape" signifie "Père". L'emploi de ce mot pour désigner un conducteur spirituel avait été fermement condamnée par Jésus :

« N'appelez personne sur la terre votre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux » (Matthieu 23.9).

À propos du titre "Souverain Pontife" ou "Pontife Romain"

Ce titre que se donnent les papes est l'ancien titre que portait le chef de l'ensemble des prêtres des différents cultes païens de Rome ("Pontifus Maximus"). Il rappelle donc les superstitions et cultes païens de Rome.

Quels sont les titres que l'apôtre Pierre se reconnaissait ?

Dans le début de sa seconde lettre, Pierre se donne les titres suivants :

« Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ » (2 Pierre 1.1),

et dans sa première lettre, il se place à égalité avec les anciens de l'Église en disant :

« moi ancien comme eux » (1 Pierre 5.1).


« Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. » (Jean 12.34)