La Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu


« Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. »
(1 Corinthiens 1:18)

Dans la préface du livre de sœur Emmanuelle, nous trouvons cette citation d'un ouvrage du cardinal Ratzinger :

« Certains textes de dévotion semblent suggérer que la foi chrétienne en la Croix se représente un Dieu dont la justice inexorable a réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Autant cette image est répandue, autant elle est fausse. » (extrait de Foi chrétienne hier et aujourd'hui, Mame 1976, p.19).

Il est vrai que la Bible nous parle d'un Dieu d'amour et de miséricorde. On ne peut pas, effectivement, assimiler Dieu à un juge impitoyable qui ne saurait être fléchi. Et pourtant, la Bible nous apprend bien que la justice parfaite de Dieu a nécessité le sacrifice de son propre Fils pour le salut de l'homme.

Présenter Dieu comme un juge inflexible n'est donc pas juste, mais que le péché de l'homme ait impliqué la mort du Fils de Dieu, cela est la vérité :

« Non, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face, et l'empêchent de vous écouter » (Esaïe 59:1-2).

C'est à cause de cela que l'annonce de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu a commencé par cette publication solennelle de Jean Baptiste :

« Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29).

Jésus a lui-même confirmé cette proclamation :

« C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Matthieu 20:28).

L'apôtre Pierre lui a rendu témoignage en ces termes :

« Sachant que ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:18-19).

Enfin, l'apôtre Paul a expliqué :

« En lui (Jésus) nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d'intelligence » (Ephésiens 1:7-8).

D'un côté, l'évangile de la charité invite les hommes de toutes croyances à s'unir dans l'amour, en portant leur regard sur un modèle parfait d'humanité : le Christ serviteur.

D'un autre côté, l'Evangile de la grâce de Dieu invite les hommes de toutes croyances à se reconnaître pécheurs, en regardant vers Celui qui a payé la rançon de leur péché : le Christ serviteur.

La dualité "évangile de la charité / Évangile de la grâce" n'est pas une nouveauté : C'est le fameux débat "salut par les œuvres / salut par grâce" que nous retrouvons tout au long de l'histoire de l'Église. Le livre de la Genèse nous rappelle que Dieu a rejeté l'offrande de Caïn et accepté le sacrifice d'Abel. La leçon est évidente : ce n'est pas à l'homme de choisir le moyen par lequel il doit s'approcher de Dieu. C'est à Dieu d'indiquer à l'homme coupable le moyen qu'Il a choisi pour lui pardonner son péché, et ce moyen, c'est le sang de Jésus.

top Le péché du monde

« Puis il leur dit : C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. »
(Luc 24:44-47)

La Bible nous fait voir tous les rejets de Dieu par l'homme dans le passé :

En fait, qu'on le veuille ou non, tout l'Ancien Testament démontre magistralement que l'homme est dégénéré de nature et incapable, même sous la Loi, de rester juste devant Dieu. Il fallait donc régénérer l'homme : c'est le salut en Jésus-Christ proposé par Dieu dans la Nouvelle Alliance.

« L'amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime propitiatoire pour nos péchés. »
(1 Jean 4:9-10).

L'apôtre Jean nous rappelle ici trois idées importantes :

top Tous ont péché

« N'entre pas en jugement avec ton serviteur ! Car aucun vivant n'est juste devant toi. »
(Psaume 143:2)

L'Evangile de la grâce de Dieu est, dès le départ, sans concession pour l'homme. Il part d'un constat tragique :

« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3:23).

C'est l'apôtre Paul qui fait ce constat lorsqu'il explique la justification par la foi en Jésus-Christ dans l'épître aux Romains. Pour démontrer l'universalité du péché, il cite cet extrait du psaume 14 :

« L'Eternel, du haut des cieux, regarde les fils de l'homme, pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Psaume 14:1-2).

Paul dit donc : « Il n'y a pas de distinction, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ; mais il ajoute aussitôt, et c'est là que se trouve pour nous la bonne nouvelle :

« Et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C'est lui que Dieu a destiné à être une victime propitiatoire pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice, parce qu'il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience, afin, dis-je, de montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? NON, mais par la loi de la foi » (Romains 3:23-27).

Ainsi, la seule chose que chacun ait mérité de la part de Dieu, c'est le jugement. À la lumière de Sa justice et de Sa sainteté, Dieu ne nous doit rien d'autre que la condamnation. Il nous a créés et nous avons péché. Pourtant, par amour pour nous, Dieu nous a malgré tout préparé le moyen de l'approcher. Ce n'est pas un dû, c'est un don émanant de l'amour de Dieu. Adam et Eve savaient par quels actes ils pouvaient plaire à Dieu, pourtant ils péchèrent - et nous aussi nous avons péché - en sorte que la nouvelle voie d'accès que Dieu nous donne ne peut plus être basée sur nos actes, mais sur la grâce de Dieu. L'apôtre Paul établit ce parallèle entre Adam et Jésus-Christ :

« C'est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché,... Si par l'offense d'un seul la mort a régné par lui seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par Jésus-Christ lui seul ! Ainsi donc, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes » (Romains 5:12,17-18).

De ce fait, Jésus-Christ mérite la fidélité et la loyauté, la dévotion et l'obéissance absolues et entières de chaque être humain. Les autres systèmes religieux sont totalement étrangers à ce salut offert par Dieu en Jésus-Christ.

top Une bonne nouvelle

« Car le salaire du péché, c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. »
(Romains 6:23)

C'est en découvrant ce verdict de Dieu sur sa nature incurable de pécheur et sa juste condamnation, que l'homme peut comprendre ce qu'est véritablement l'Evangile : une bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle lui dit qu'il était injuste et perdu, coupable et condamné devant son Créateur, le Dieu parfaitement saint, mais qu'il ne doit pas désespérer. Dieu dans son grand amour fait grâce à l'homme. L'homme méritait d'être puni, mais Dieu le justifie et le gracie par le moyen d'un rachat, d'une rançon qu'il paie à sa place : son Fils unique meurt sur la croix comme victime expiatoire pour ses péchés. Ainsi se manifeste la sainteté de Dieu qui, dans Sa grande miséricorde et Sa justice parfaite, ne laisse pas le coupable impuni. Le verset bien connu Jean 3:16 résume parfaitement cette bonne nouvelle :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle ».

top La nécessité du sacrifice

« Car l'âme de la chair est dans le sang. Je vous l'ai donné sur l'autel, afin qu'il servît d'expiation pour vos âmes, car c'est par la vie que le sang fait l'expiation. »
(Lévitique 17:11)

Il existe aujourd'hui dans l'Église Catholique une théologie qui voit en Jésus celui qui s'est rendu solidaire de tous les misérables, de tous les suppliciés, de tous ceux qui, comme lui, ont souffert et ont connu une mort atroce. Mais le Christ n'a pas été seulement la victime de l'injustice des grands de ce monde, il a été le seul à connaître la colère de Dieu sur le péché. Lui seul a été l'agneau de Dieu, celui qui a subi le châtiment de Dieu à la place de beaucoup.

Dans l'Ancien Testament, de nombreux types préfigurent la mort du Christ. Tous ont ceci en commun : ils ne sont pas avant tout un exemple d'amour et de dévouement, mais présentent une vie donnée à la place d'un autre. Jésus-Christ n'est pas mort seulement parce qu'il s'est dévoué, afin d'être un modèle d'amour et d'abnégation, mais :

« Celui qui n'a point connu le péché, il (Dieu) l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5:21).

« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Galates 3:13).

« Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3:18).

Les types qui nous parlent de la mort du Christ dans l'Ancien Testament placent devant nous autant d'aspects divers de sa mort.

top Jésus qui nous délivre de la colère à venir

« À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. »
(Romains 5:9)

Lorsqu'il a annoncé la Bonne Nouvelle à Athènes, debout au milieu de l'aréopage, l'apôtre Paul n'a pas cherché à ménager son auditoire, il ne s'est pas lancé dans le compromis interreligieux, mais il a fidèlement transmis ce message de la part de Dieu aux hommes :

« Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir, parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts » (Actes 17:30-31).

L'Evangile de la grâce de Dieu est un ultimatum qui place chaque homme devant un choix définitif, sans retour :

« Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »
(Jean 3:18)

L'annonce de la Bonne Nouvelle ne peut pas passer sous silence l'imminence du jugement de l'humanité. Relisons comment Pierre s'est exprimé devant les païens rassemblés autour de Corneille :

« Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d'attester que c'est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Actes 10:42-43).

Et, comme les apôtres envoyés par Jésus, les témoins actuels du Christ ne doivent pas non plus atténuer ce caractère urgent et définitif de l'Evangile. Le vrai disciple du XX° siècle ne craindra pas de parler de Jésus comme de

« Celui qui nous délivre de la colère à venir » (1 Thessaloniciens 1:10).

Méditer sur la colère de Dieu - "car notre Dieu est aussi un feu dévorant", Hébreux 12:29 - nous aide à comprendre la haine que Dieu éprouve pour le péché et peut nous donner une saine crainte de Dieu. Et cela nous conduira à louer avec ferveur Jésus-Christ qui nous a délivrés de cette colère.

« Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. »
(1 Thessaloniciens 5:9)

top La porte étroite

« Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. »
(Luc 9:23-24)

Avec l'Evangile de la grâce de Dieu, on entre par une porte étroite, on avance sur un chemin resserré, avec des tribulations et en vivant séparé du mal.

La porte étroite

« Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes » (Luc 13:24-25).

Le chemin resserré

« Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7:13-14).

Les tribulations

« Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ». (Jean 15:18-20)

« Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde » (Jean 16:33b).

La séparation d'avec le mal

« Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Corinthiens 6:14-16a)

Là encore, nous nous retrouvons bien loin du salut universel offert par les disciples de l'évangile de la charité. Le livre des Actes nous rappelle l'insistance de Pierre au jour de la Pentecôte :

« Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2:40).

top Jésus-Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2:5)

« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. »
(1 Corinthiens 3:11)

L'Evangile de la grâce de Dieu annonce le salut uniquement en Jésus-Christ. Mahomet, Bouddha ou tout autre grand personnage (même la Vierge des catholiques4) ne sont d'aucun secours. Toute religion ou sagesse humaine qui ne reconnaît pas en Jésus-Christ l'unique médiateur entre Dieu et les hommes s'écarte du plan de salut offert par Dieu aux hommes.

« Il n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »
(Actes 4:12)

Toutes les religions sont des mirages trompeurs dans le désert de l'humanité perdue. Or, jamais le mirage d'une oasis n'a étanché la soif d'un voyageur égaré dans l'étendue désertique. Même la tolérance envers les systèmes religieux imaginés par les hommes conduit à la mort :

« Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue c'est la voie de la mort » (Proverbes 14:12).

L'homme a besoin d'une eau fraîche. L'Ecriture désigne sans l'ombre d'un doute Jésus comme la véritable oasis, comme l'unique source d'eau vive.

« Vous tous qui avez soif, venez aux eaux » (Esaïe 55:1).

« L'Eternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres ; Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas » (Esaïe 58:11).

Jésus a confirmé lui-même ces prophéties d'Esaïe :

« Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4:14).

Pour cette raison, en pratiquant le syncrétisme religieux, l'Église Catholique encourt la même condamnation qu'Israël aux temps de son idolâtrie :

« C'est pourquoi je veux encore contester avec vous, dit l'Eternel... Car mon peuple a commis un double péché : ils m'ont abandonné, moi qui suis une source d'eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l'eau » (Jérémie 2:9a-13).

top Jésus divise les hommes

« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois ; le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
(Luc 12:51-53)

L'Evangile de la grâce de Dieu est un message radical. Selon qu'on l'accepte ou le rejette, il sépare les hommes en deux catégories : les sauvés et les perdus. À travers tout l'enseignement de Jésus et des apôtres apparaît une frontière divisant les hommes en deux camps opposés. L'Ecriture emploie les images et les expressions les plus diverses pour caractériser ces deux camps. On se souvient que, dans son discours sur la fin des temps, Jésus opposait le bon et le mauvais serviteur, la vierge sage et la vierge folle, la brebis et le bouc.

Jean Baptiste compare les sauvés et les perdus à du blé que l'on amasse et de la paille que l'on brûle :

« Il (Jésus) a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point » (Matthieu 3:12).

Jésus distingue la bonne semence et l'ivraie :

« La bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l'ivraie, ce sont les fils du malin » (Matthieu 13:38).

Pour l'apôtre Jean, il n'y a que deux sortes d'hommes :

« Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie » (1 Jean 5:12).

top Jésus libère du pouvoir de Satan

« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. »
(Jean 8:44)

L'Evangile de la grâce de Dieu prend en compte la réalité d'un esprit mauvais, Satan, qui a entraîné l'homme dans la désobéissance (chute d'Adam), qui est le tentateur et l'accusateur de l'homme, voulant le conduire au péché et, par là, à une séparation définitive de son Créateur. Il est appelé par Jésus le père du mensonge et le Prince de ce monde, pouvant étendre son influence et son pouvoir sur toute l'humanité. Jésus, le Fils de Dieu, le seul homme sans péché, l'a vaincu à Golgotha :

« Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:31-32).

À la croix, le monde en tant que système, le prince de ce monde et les puissances qui en dépendent ont été jugés et destitués de leur pouvoir :

« Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix » (Colossiens 2:15).

La mort de Jésus entraîne pour le croyant une justification qui ne peut jamais être remise en cause.

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est à dire le diable, et qu'il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude » (Hébreux 2:14-15).

Les hommes non-croyants sont dans les ténèbres, car ils sont aveuglés par la puissance du diable. C'est pourquoi, lorsqu'il établit Paul son ministre et son témoin, le Seigneur Jésus s'adresse à lui en ces termes :

« Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés » (Actes 26:17-18).

Le chrétien né de nouveau, étant passé des ténèbres à la lumière, échappe à la puissance de Satan :

« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui même, et le malin ne le touche pas. Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jean 5:18-19).

Toutefois, même si un enfant de Dieu ne peut être touché par Satan, il doit toujours se montrer vigilant et se tenir prêt à lui résister avec une foi inébranlable :

« Votre adversaire, le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde » (1 Pierre 5:8-9).

Si Jésus-Christ est la seule voie qui mène à Dieu, où donc conduisent les religions du monde ?

« Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ephésiens 6:12).

top L'homme nouveau créé selon Dieu

« Jésus lui répondit : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. »
(Jean 14:23)

L'Église Catholique a très bien su discerner, il y a quelques années, qu'une certaine théologie de la libération pouvait glisser facilement vers les principes marxistes et révolutionnaires athées5. De la même manière, comment ne voit-elle pas qu'en pratiquant son évangile social, elle se retrouvera immanquablement sur le terrain des droits de l'homme, où les notions de liberté, de justice et de paix n'ont pas la même acception que dans la Bible ?

L'évangile social parle de la défense de la dignité et de la liberté de l'homme. La Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu rappelle que la culpabilité et la corruption de l'homme ont rendu nécessaire le sacrifice de Jésus, pour le dépouiller de sa vieille nature et faire de lui une nouvelle créature.

« C'est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l'esprit de votre intelligence, et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ephésiens 4:21b-24).

Jésus-Christ n'est pas venu établir une société plus juste. Il est venu restaurer la nature déchue de l'homme afin de le rendre participant de la nature et de la vie divines. Le Seigneur Jésus parle de ce changement de nature comme d'une nouvelle naissance :

« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3:5-7).

La nouvelle naissance a pour conséquence un changement radical opéré par l'Esprit-Saint dans les sentiments, les pensées et la volonté de l'homme. Les auteurs du Nouveau Testament l'ont présentée sous différents aspects : une vie nouvelle (Romains 6:4), une résurrection spirituelle (Ephésiens 2:5), un nouvel esprit (Romains 7:6), un homme nouveau (Ephésiens 4:24), un bain de régénération (Tite 3:5).

Paul dit que notre vieux moi a été cloué à la croix :

« Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Romains 6:6).

La nouvelle naissance est également le point de départ d'une authentique marche dans la sainteté. Cette nouvelle vie trouve sa source en Jésus-Christ : le chrétien né de nouveau est un sarment greffé par le vigneron (Dieu) sur le cep (Jésus).

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5).

Cette vie pleine et entière avec Dieu en Jésus-Christ, les fidèles catholiques en sont privés, parce que leurs bergers ont remplacé la nouvelle naissance par la régénération baptismale et la puissance de leurs sacrements. Ils ont fait de l'Evangile une nouvelle Loi dans laquelle les œuvres de bienfaisance donnent à ceux qui les pratiquent l'illusion de la sainteté. La Bible enseigne, au contraire, que, de même que nous ne pouvions mériter notre salut, nous ne pouvons pas non plus nous sanctifier par nos propres efforts : la sanctification est l'œuvre du Saint-Esprit en nous. C'est la raison pour laquelle on peut affirmer avec assurance que les religions ne viennent pas de Dieu, même avec toutes leurs apparences d'humilité et de piété.

Selon l'apôtre Paul, la nouvelle naissance permet de distinguer deux sortes d'hommes dans le monde :

« L'homme naturel ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui même jugé par personne. Car, qui a connu la pensée du Seigneur, pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. »
(1 Corinthiens 2:14-16)


top Notes

4 - Concernant le rôle médiateur attribué par les théologiens catholiques à Marie, voir l'Annexe 3.

5 - Cf. le texte de la Congrégation pour la doctrine de la foi publié le 5 avril 1986 : « Instruction sur la liberté chrétienne et la libération ».